"L’avenir du monde se trouve actuellement Afrique", martèle l'Ambassadeur du Sénégal en Algérie
En prélude au 31ème sommet de la Ligue arabe qui se tient du 1er au 02 novembre 2022 en République algérienne démocratique et populaire, SEM Serigne DIEYE, ambassadeur du Sénégal en Algérie fait le point de la coopération économique entre l'Afrique et le monde arabe.
Quel est l’état de la coopération entre le Sénégal et le monde arabe ?
Le Sénégal entretient des relations historiques privilégiées et multiformes avec tous les pays arabes depuis son indépendance en 1960. C’est une option fondamentale de la diplomatie sénégalaise depuis toujours. Le Sénégal fait partie des rares pays africains à disposer d’ambassades dans la plupart des pays arabes ; inversement, tous ces pays arabes ont des missions diplomatiques à Dakar (Capitale du Sénégal). Il s’y ajoute que, le partage de l’islam a facilité les relations avec le monde arabe. Le Sénégal joue d’ailleurs un rôle clé au sein de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). La coopération bilatérale avec chacun de ces pays s’est renforcée depuis l’arrivée au pouvoir en 2012 de Son Excellence Monsieur Macky Sall. Le Président était d’ailleurs à Ryad pour participer au Forum économique sur l’investissement qui s’est tenu le 25 octobre 2022.
Plusieurs institutions financières arabes telles que la Banque Islamique de Développement, la BADEA, interviennent au Sénégal depuis longtemps en finançant des infrastructures, des hôpitaux, des écoles, etc. Actuellement, nous avons deux gros investissements portés par des pays arabes : il s’agit du port de Ndayane, un plus des plus gros ports d’Afrique, financé par les Emirats Arabes-Unis et le projet ACWA Power, financé par l’Arabie Saoudite et qui concerne la construction d’une centrale électrique et d’une usine de dessalement d’eau de mer.
Concernant l’Algérie, pays où je suis accrédité, les relations ont débuté dans les années 60 et se sont renforcées au fil des ans, dans divers domaines : enseignement supérieur (octroi de bourses d’études), énergie, santé, matériaux de construction, etc. L’Algérie a contribué de façon décisive à la formation de plusieurs cadres sénégalais et de surcroit, dans les domaines techniques et scientifiques.
Depuis l’arrivée du président Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Etat algérien, la coopération s’est encore intensifiée avec la mise en service d’une ligne maritime Alger-Dakar, l’augmentation des vols d’Air Algérie, les rencontres plus fréquentes entre les hommes d’affaires des deux pays. Les entreprises algériennes s’intéressent de plus en plus au marché sénégalais, porte d’entrée de la CEDEAO. Evidemment, l’ambassade accompagne cette dynamique en allant sur le terrain. La participation de Son Excellence Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, comme invité d’honneur de Son Excellence Monsieur Abdelmadjid Tebboune, président de la République algérienne démocratique et populaire au 31ème sommet de la Ligue arabe témoigne du respect mutuel qui existe entre ces deux leaders fortement engagés à défendre la cause africaine.
On note aujourd’hui une montée offensive du monde arabe vers le reste de l’Afrique. Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?
L’offensive du monde arabe en Afrique est une bonne chose, à la fois, pour les africains et pour les arabes. Les deux parties ont intérêt à renforcer leurs liens dans les partenariats gagnant-gagnant. Le monde arabe dispose de capitaux alors que l’Afrique, riche en matières premières considérée comme la « dernière frontière », n’attend que des investissements pour accélérer son développement. De plus, les retours sur investissement y sont les plus élevés au monde. Aujourd’hui, tous les pays puissants du monde se bousculent aux portes de l’Afrique. Il est alors urgent de renforcer ce partenariat d’autant plus qu’au moins sept pays membres de la Ligue arabe sont africains.
Au demeurant, en invitant le président Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, Son Excellence Monsieur Abdelmadjid Tebboune appelle à un renforcement des liens entre le monde arabe et l’Afrique. On ne cesse de le répéter : l’avenir du monde se trouve actuellement en Afrique.
Des financements en provenance des pays arabes ont boosté le développement dans certains pays africains. Que dites-vous de ceux qui pensent qu’il s’agit de l’expansion d’une nouvelle idéologie ?
En matière économique, l’idéologie qui marche est celle qui favorise le développement dans le cadre de partenariats mutuellement bénéfiques, gagnant-gagnant. Le président Macky Sall, en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, fait constamment le plaidoyer pour attirer plus d’investissements privés étrangers en Afrique. Il faut signaler les opportunités générées par les financements islamiques. A ce niveau, il est possible de mobiliser encore beaucoup plus de financements.
Le président Macky Sall l’a encore répété lors du Forum de Ryad : « Toute l’Afrique est en chantier, tout ou presque est encore à construire, c’est la dernière frontière du développement ». Sur le plan infrastructurel, nous avons l’exemple des autoroutes à péage qui sont rentables. Il y a l’agriculture et l’agrobusiness. L’Afrique a le potentiel de se nourrir et aider à nourrir le monde. La crise actuelle devrait être une opportunité d’investir davantage dans l’agriculture, l'énergie, les mines, l'habitat, le tourisme, l'hôtellerie, la santé, la biotechnologie (MADIBA/BioNtech), les TIC.
Quelles sont vos attentes par rapport au prochain sommet ?
Le Sénégal souhaite un succès éclatant à l’Algérie qui a tout mis en œuvre pour la réussite de ce Sommet qui intervient après la Covid. Un monde arabe uni, parlant d’une seule voix, est un facteur de stabilité pour le monde entier et cela lui permettra de mieux peser à l’avènement du nouvel ordre mondial qu’appelle de tous ses vœux, le président Macky Sall.
Interview réalisée par Gisèle NNEMI NGA, Irène GAOUDA & Jenipher ASIIMWE
Alger.
Comments