« La production audiovisuelle reste l’un des plus grands défis pour les médias à l’ère du Covid-19 »
Les précisions du Directeur Général de l’Union Africaine de Radiodiffusion, Grégoire Ndjaka, à l’issue du séminaire sur la « gestion de la pandémie de Covid-19 dans les médias africains » tenu à Dakar, du 27 au 28 juillet 2021.
Quels sont les plus grands défis auxquels font face les journalistes depuis le début de cette pandémie de Covid-19 ?
L’un des principaux défis auxquels les médias font face aujourd’hui est celui de la production. En effet, la production journalistique se fait à travers des contacts rapprochés. Il faut prendre des rendez-vous, interviewer des gens, les enregistrer puis diffuser le tout. Comment donc produire en cette période où les conditions sanitaires exigent un réel changement d’attitude? Comment aller vers les gens pour collecter des informations quand la science recommande la distanciation ? Là est tout le problème. Bien-sûr, les technologies de l’information apportent une certaine solution, mais, la technologie ne résous pas tout. L’autre défi est d’ordre financier. Les pays ont connu des couvre-feux et autres restrictions qui ont ralenti leurs économies. Les ressources se sont amenuisées et cela a entrainé des difficultés car, on ne peut pas produire sans argent. Donc, les journalistes ont eu des vrais problèmes à ce niveau. Toutefois, durant ces périodes difficiles, l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR), a initié en partenariat avec Ubiz News et Trust Africa, des méga-productions telles que le WAN SHOW ou le Charity Concert qui ont permis aux membres de s’alimenter en contenus. Mais des efforts restent à faire.
Quelle stratégie mettre sur pied pour permettre aux médias impactés par la pandémie de se relever ?
Ce qui est important pour un média audiovisuel, c’est l’antenne. Lorsque l’antenne se porte bien, c’est l’essentiel. Et pour cela aussi, il faut du contenu. Au niveau de l’UAR, nous avons redynamisé notre réseau d’échange de contenus (AUBVision). Nous sommes entrain de mutualiser les efforts au niveau de toute l’Afrique. Aujourd’hui, lorsqu’une émission est produite par une chaine de télévision et mise à la disposition de l’UAR, cette émission est ensuite envoyée dans le réseau d’échange de l’UAR et les autres chaines de télévision membres du réseau peuvent en faire usage.
La collaboration a-t-elle été facile entre les gouvernements et les professionnels des médias durant ces périodes ?
Les gouvernements aussi étaient aux abois. D’ailleurs, aucun gouvernement ni personne n’avait envisagé l’arrivée du corona virus (SARS-COV2). C’est une situation qui nous tombe dessus et de manière soudaine. A un moment, tout le monde a paniqué et je pense que c’est ce qui démontre notre humanité. Tout le monde a d’abord paniqué à l’annonce du virus. Mais les gouvernements se sont ressaisis par la suite. Aujourd’hui, nous voulons les féliciter pour les solutions appréciables apportées à leurs populations et les exhorter à faire davantage car la pandémie sévit toujours.
Aux premières heures de l’arrivée du virus, les médias manquaient de personnes ressource, notamment des experts à interviewer…
C’est tout à fait normal. En réalité les experts sur la question du Covid-19 n’existaient pas tout simplement parce que c’est une situation inédite. Il fallait partir ex-nihilo. Quand la maladie s’annonce en Afrique en mars 2020, personne ou presque ne sait de quoi il est question. Tout le monde était plongé dans le doute. Même les journalistes présents aux ateliers nous font comprendre qu’ils avaient besoin d’outils pour percer le mystère et aller plus loin dans leurs recherches.
Avec cette pandémie, beaucoup de fausses informations circulent, comment y remédier ?
Nous sommes tous témoins de tout ce qui se passe à travers le monde concernant la pandémie. De nombreuses fausses nouvelles sont diffusées sur les réseaux sociaux. C'est compréhensible. Parfois, ceux qui partagent ces informations inexactes sont ignorants. Il peut arriver que ces fausses informations soient diffusées par les médias de masse. Non seulement elles ont empiété sur le travail des journalistes, mais elles ont également apporté ce qu’on appelle en communication du « bruit ». Parmi ceux qui diffusent de fausses nouvelles, il y a ceux de mauvaise fois, mais aussi beaucoup d'ignorants qui pensent qu'ils font ce qu'il faut. Si on prend le grand débat sur l'utilisation de la chloroquine, on se rend compte que même des scientifiques de très haut niveau n'avaient pas une idée claire à ce sujet. Cela prouve que même la science était sceptique et cherchait des solutions adaptées.
Par ailleurs, la question de la désinformation et des Fake News est une réelle menace pour la profession. Cette préoccupation justifie la tenue du présent Séminaire. Il y a eu un Module sur la question des Fake News et la désinformation qui a été largement discuté avec les participants, sous le contrôle de nos deux experts, Mr Emmanuel Wongibe et Dr Mactar Silla. Pour le bien-être de notre profession, nous sommes en lutte constante contre ces fléaux.https://twitter.com/UnionUar/status/1421206582742949888
Vous annoncez également la mise sur pied d’un Network de journalistes africains sur des questions liées au Covid-19. A qui est-il destiné ?
En tant que directeur général de l'UAR, je reste convaincu qu'un réseau de journalistes africains contre le Covid19 est une initiative louable qui doit rester ouverte à tous les journalistes impliqués dans la lutte. Nous apprenons chaque jour des faits nouveaux sur le virus : partager des expériences, être connectés en permanence et échanger des idées grâce à des formations régulières afin d'améliorer la qualité de nos couvertures médiatiques pour le bien de nos populations. C'est le credo de notre Réseau.
Propos recueillis par Irène GAOUDA
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