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Qui sera le prochain président de la CAF ?

C’est la question qui taraude les esprits dans le milieu du football africain. Qui prendra les rênes de la Confédération Africaine de Football le 12 mars 2021, à Rabat? Le 23 novembre 2020, la Commission d’étique de la FIFA a suspendu le malgache Ahmad Ahmad pour une durée de 5 ans assortie d’une amende de 185 000 Euros pour faute de gestion, lui qui était candidat à sa propre succession. Désormais quatre candidats vont descendre dans l’arène pour la bataille qui s’annonce rude au regard des profils relevés et de l’ambition affichée. Entre Me Senghor du Sénégal, Ahmed Yahya de la Mauritanie, Patrice Motsepe le sud-africain et Jacques Anouma de la Côte d’Ivoire, qui vaut quoi sur l’échiquier continental ? Portraits.


1- Augustin Emmanuel Senghor

L’expérience comme argument

Il est d’un calme olympien. Discret et peu prolixe, Me Augustin Emmanuel Senghor rêve d’un football africain uni, attractif et plus performant. Il l’a fait savoir au cours du point de presse organisé au siège de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), au lendemain du dépôt de sa candidature à la présidence de la CAF. Longtemps indécis sur sa participation à la prochaine élection, il se dit prêt à relever le défi avec l’intime conviction de créer une dynamique positive autour du football. « Nous devons travailler exclusivement et en permanence dans l’intérêt du football africain avec un leadership affirmé», a-t-il déclaré sans ambages.

Me Senghor se présente comme le candidat choisi. « Un grand nombre de présidents de fédérations m’ont sollicité avec insistance pour que je sois candidat. Je n’ai pas été insensible à cette marque de considération et de confiance de mes pairs africains », clame-t-il, tout en exprimant sa gratitude au Comité exécutif de la CAF dont il est membre. Conscient des enjeux de l’heure, il reconnait volontiers que les moments difficiles qu’a traversé la CAF ces dernières années, ne sauraient être exclusivement imputés à ses seuls dirigeants. D’où sa volonté de mettre ensemble les énergies positives autour de sa candidature.

Probité morale

C’est un homme pétri d’expérience qui s’apprête à prendre les rênes de la Confédération africaine de football. Du haut de ses 55 ans, ce natif de Gorée croit d’abord en ses capacités intellectuelles, ses valeurs éthiques et morales et surtout, il pense être ce visionnaire qui fera sortir le football africain de l’ornière afin de le placer sur les rampes du développement. Pour atteindre ses objectifs, l’homme voudrait compter sur ses soutiens mais aussi sur sa longue expérience dans le milieu associatif et sportif. Expérience qu’il n’a pas souvent hésité à mettre au service des institutions en charge la gestion des droits de retransmission du football, à l’instar de l’Union Africaine de Radiodiffusion (UAR).

De l’ile de Gorée aux berges du Nil

Né le 21 novembre 1965, à Dakar, au Sénégal, Me Augustin Senghor pénètre très tôt le milieu sportif, d’abord en tant que footballeur, ensuite comme athlète et, basketteur.

S’inspirant de la pensée de Hegel axée sur «La raison dans l’histoire », il se plait à rappeler que rien de grand dans ce monde ne s’est accompli sans passion. « Du petit terrain de la place centrale de mon ile natale de Gorée où je jonglais avec le ballon, les pieds nus, jusqu’à la présidence de la FSF, j’ai toujours servi le football en donnant le meilleur de moi-même », a-t-il confié.

Cette passion pour le sport le mènera magistralement vers des études de sciences juridiques où il deviendra plus tard avocat spécialisé en droit sportif, en 1989.

Dès le début des années 90, il s’investit pleinement dans le sport au niveau national. De 1993 à 2002, il est président de l’ASC Coumba Castel de Gorée. De 1996 à 2002, il est membre du Conseil d’Administration de l’Union Sportive de Gorée et depuis 2002, il est président dudit club.

De 2008 à 2009, il est membre du Comité de normalisation du football chargé de la réforme au Sénégal. Un travail acharné qui sera couronné par son élection à la Fédération sénégalaise de football en août 2009. Ça fait 11 ans que dure l’aventure. Et à chaque fois, le collège électoral lui renouvelle sa confiance.

Sur le plan international, Me Augustin Senghor jouit incontestablement d’une aura positive auprès de ses paires. A cet effet, il a occupé et occupe encore des postes importants au sein des organisations en charge de la gestion du football. De 2009 à 2013, il a été vice-président du jury disciplinaire de la CAF et Membre de la Commission de recours de la FIFA.

En 2011, il est devenu Président de la zone Ouest Afrique (UFOA A) de la CAF, poste qu’il occupe jusqu’à nos jours. De 2013 à 2017, il a été membre de la commission des associations de la FIFA. Investit pleinement au sein de cette instance, il deviendra par la suite Superviseur FIFA des élections de la fédération mauritanienne de football en 2011, nigérienne en 2013, camerounaise en 2015 et ivoirienne en 2016. De mai 2017 à novembre 2019, il a été vice-président de la commission juridique de la CAF. En 2018, il a été réélu représentant de la zone A de l’UFOA au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), à Casablanca au Maroc, pour un mandat de quatre ans.

Père de quatre enfants, Augustin Senghor est maire de la commune de l’ile de Gorée depuis 2002 et adjoint au maire de la ville de Dakar.



 

2- Patrice Motsepe

Du foot et non de l’or !

Tout le monde s’accorde à dire que Patrice Motsepe est un homme plein aux as ! Car l’argent, il en a. En témoigne les nombreux classements dans lesquels il figure depuis au moins une dizaine d’années. D’ailleurs, en 2012, il était classé première fortune d’Afrique du Sud et apparaissait au premier rang de la liste des personnalités les riches dressée par l’hebdomadaire sud africain The Sunday Times, avec une fortune personnelle estimée à 2.4 milliards de dollars.

Mais en matière de football, l’argent seul ne suffit pas. Thomas Kwenaite, chroniqueur influent dans l'industrie sud-africaine des médias en sait quelque chose : « La seule façon pour Motsepe de gagner cette victoire est de faire du porte-à-porte. S'il pense qu'il peut donner un chèque pour gagner" cette élection, il doit oublier cette option ».

Mamadou Gaye, expert ivoirien installé en Afrique du Sud lui aussi, ne va pas du dos de la cuillère : "En Afrique, votre argent ne vous donnera rien, ce dont vous avez besoin, c'est de nouer des relations avec les gens", a-t-il souligné en novembre dernier dans les colonnes du Sowetan. Soit ! Reconnaissons tout de même qu’avec l’argent, un candidat à n’importe quelle élection peut se targuer de battre campagne sans anicroche et convaincre.

Un CV en or

Patrice Motsepe est né le 28 janvier 1962 dans un township de Soweto. Comme la plupart des jeunes des townships de l’époque, il devait travailler dur pour se frayer un chemin dans la vie. Mais ses parents étaient un peu plus aisés. Son père instituteur, sa mère détenait un petit réseau d’épiceries offrant aisni la possibilité de faire bénéficier leurs sept enfants d'un établissement d'enseignement privé catholique de meilleure qualité que les établissements publics accessibles aux populations noires.

Après des études en droit, il travaille quelque temps aux Etats-Unis puis revient en Afrique du Sud. Il met alors ses compétences au service de l’African National Congress (ANC) qui se préparait en ces temps-là à prendre le pouvoir et travaillait sur la politique minière du gouvernement.

En 1994, il devient spécialiste en droit minier et commercial à un moment où l’apartheid prend fin officiellement dans son pays. Il travaille dans un premier temps dans un cabinet d’avocat, puis devient par la suite entrepreneur. Plus tard, il crée sa propre entreprise appelée Future Mining qui collecte la poussière d’or des puits intérieurs. En 1997, lorsque le prix de l’or recule sur le marché, il commence à acheter des mines.

Au début des années 2000, il crée un certain nombre de sociétés qu’il réunit en un conglomérat baptisé African Rainbow Mineral (ARM). Il devient un magnat des mines et membre de plusieurs comités exécutifs dont Harmony Gold ou le groupe d’assurance sud-africain Sanlam. En 2013, il rejoint The Giving Pledge et fait don de la moitié de sa fortune à cette œuvre de charité pour favoriser la santé et l'éducation.

Président de club

Malgré son importante fortune amassée dans les mines d’or, Patrice Motsepe se lance dans l’industrie du football dans les années 2000. En 2004, il achète le club de football Mamelodi Sundowns basé à Pretoria qui fait partie des 10 meilleurs sur le continent. Le club va remporter la Ligue des champions CAF en 2016 et la Super coupe d’Afrique en 2017 et plusieurs autres récompenses. Un palmarès qui lui donne des ailes. Depuis lors, Patrice Motsepe se voit sur le toit du football africain.

Son compatriote Danny Jordaan, président de la fédération sud-africaine de football ne tarit pas d’éloges à son endroit : «Nous sommes convaincus que son sens des affaires, son strict respect de la gouvernance, sa formation juridique, son réseau commercial mondial et son engagement et son amour pour le football africain et mondial font de lui un choix révolutionnaire pour le leadership du football africain», a-t-il fait savoir suite à l’annonce de la candidature du milliardaire à la présidence de la CAF.


 

3- Ahmed Yahya

La locomotive du football mauritanien

Né le 7 janvier 1976 à Nouadhibou, en Mauritanie, Ahmed Yahya est incontestablement le plus jeune des candidats à vouloir briguer la présidence de la CAF.

Elu à la tête de la Fédération mauritanienne de football depuis le 28 juillet 2011, il a été plébiscité à nouveau le 26 mai 2019 pour un troisième mandat de 4 ans.

Depuis près de 10 ans, il a élargi son spectre de vision du football dans son pays en impulsant une nouvelle dynamique dans le milieu footballistique.

Pour la première fois dans l’histoire du football africain, son pays a été qualifié à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations- CAN2019.

Du néant à la gloire continentale

De Directeur des équipes nationales de 2004 à 2007 au poste de secrétaire général de 2007 à 2008, son leadership n’a eu de cesse de s’imposer dans son pays.

Loin de se dérober ou de se réfugier derrière les manquements au moment de sa prise de fonction en 2011, il fera face à la situation et entamant des travaux d’Hercule. Il s’engagera à travailler autour de la sélection nationale classée à la dernière place au Ranking FIFA et inexistante des compétitions internationales. Il fera également un travail de fond afin que la fédération ait des entraîneurs salariés. Il s’investira pour que la fédération ait des joueurs professionnels, des stades, un championnat organisé, une administration fonctionnelle. Résultats des courses: la Mauritanie fit un bond qualitatif et se retrouva logé à la 100ème place mondiale après avoir longtemps stagné à la 206ème place.

Pour y parvenir, il lui fallait, avec la collaboration étroite et efficiente d’une forte direction technique, organiser des compétitions régulières, à tous les niveaux du football.

Sur le plan managérial, il passe pour un modèle, si l’on en croit les mots élogieux à son endroit prononcés par les autorités de la plus instance du football, en l’occurrence le président Giani Infantino de la FIFA.



 

4- Jacques Anouma

La deuxième tentative

Il avait créé une onde de choc dans le milieu associatif et sportif en 2013 lorsqu’il annonça sa candidature face au légendaire président de la CAF de l’époque, le camerounais Issa Hayatou. Mais Jacques Anouma fut stoppé net dans ses ambitions présidentielles à peine sa candidature annoncée. Il ne remplissait pas les conditions pour être candidat, avait-on appris de sources introduites à la CAF. Soit.

Aujourd’hui, l’homme est plus que jamais déterminé. Pour 2021, son ticket de candidature a été validé et il se retrou

vera le 12 mars prochain à Rabat pour la bataille finale.

Soutien national

Jacques Anouma est né en 1951 à Alépé, en Côte d’Ivoire. Ancien président de la Fédération ivoirienne de football et de l’UFOA, il est connu comme étant le créateur du Tournoi des quatre Nations.

Hors des stades, il a fait ses preuves dans plusieurs instances comme Directeur administratif et financier à la compagnie aérienne Air France, de Côte d’Ivoire. Il a été également cadre à Renault.

De 2000 à 2010, il a été Chef du service financier à la présidence de la République. Assesseur de la Commission d'organisation des compétitions à la Fédération ivoirienne de football, il a été président de la commission d'organisation des compétitions à la Fédération ivoirienne de football de 1991 à 1995. De 1995 à 1998, il est Président de la Ligue nationale de football.

Depuis 2006, Jacques Anouma est membre du Comité exécutif de la Fédération internationale de football association (FIFA). Entre-temps, en raison des circonstances internes dans son pays, Jacques Anouma était contraint d’abandonner la Fédération ivoirienne de football.

En 2018, il a été nommé envoyé spécial de la CAF et de la FIFA. Le jeudi 18 novembre 2020, il a reçu le feu vert du premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko au nom du président de la République, Alassane Ouattara pour sa candidature.

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